mardi 30 mars 2010

Chapitre 1

Sovel'ha

Le jeune Sovel'ha était assis sur un banc et réfléchissait à son avenir. Le jeune homme était maigre. Il avait les yeux bleus. Ses cheveux étaient noirs et plats. Il avait été recruté par les Vurmankas quelques mois plus tôt. La ville qu’il habitait, Gora, était aussi nommée La cité Blanche. Son dragon allait bientôt éclore. Il avait déjà trouvé un nom : Zéphir. Les mages lui avaient dit que ce serait une fille. Cela voulait dire belle en Vurmankane. Le Vurmankane est une forme de puissance. Les mages utilisent cette langue pour jeter des sortilèges.

Sovel'ha rêvassait avec l'œuf de son dragon dans les mains. Soudain, il entendit un son : « Crrrr... crrrr... cric... ».

Il pensa que c'était les guerriers qui aiguisaient leurs épées. Ils allaient probablement en guerre contre les infâmes Drak'hels. Mais le son dura une minute... dix minutes... et bientôt une demi-heure. Sovel'ha, agacé, marmonna :

  - D'habitude, les guerriers ne prennent pas autant de temps à se préparer... Je me demande ce qu'ils ont aujourd'hui.

Pavori, l'ami de Sovel'ha, avait tout entendu. Il avait les cheveux blonds et les yeux bruns. Il était un peu plus vieux que Sovel’ha. Pavori était un peu plus gras que son ami. Il riait aux éclats. Sovel'ha le regarda, surpris et encore plus agacé. Il demanda :

  - Qu’es ce que tu as aujourd’hui ?

  - On voit que tu n'écoutes pas en classe, mon ami, continua de rigoler Pavori.

  - Ouais...Mais dis-moi ce qu'il y a de drôle !

  - Bon...D'accord...Ce bruit n'est pas celui des lames en train d'être affilées, mais plutôt un œuf de dragon qui éclot...

Sovel'ha fixa ses yeux sur son œuf. Il y avait maintenant une longue fente. Enfin ! Zéphir allait voir le jour. Pavori se retourna vers la forêt. Sovel'ha demanda :

  - Tu fais quoi, là ? Tu veux rater la naissance du dragon de ton meilleur ami ?

  - Non...J'appelle Duraka ...

Soudain, une longue tête suivie d'un long corps sortit de la forêt. C'était Duraka, le dragon vert de Pavori. Duraka jeta un coup d’œil vers la petite bête qui sortait de l'œuf. Complètement sorti de l'œuf, Gosical se mit à explorer le banc, et renifla son éleveur. Il regarda, méfiant, le grand Duraka. Gosical grimpa sur l'épaule de Sovel'ha qui était réjoui de la naissance du dragon. Sovel'ha entendit dans sa tête une voie résonnante :

< Bonjour ! >

Sovel'ha répondit :

  - Bonjour à toi aussi. Tu t'appelleras Zéphir.

Le petit dragon posa son regard amusé sur le garçon.

< D’accord. >

Pavori leva la tête. Puis il sourit.

  - C’est beau de voir la naissance d’un dragon. N’es-ce-pas, Duraka ?

< Oui >

  - Bon je vais te montrer notre base Zéphir.

  - Allons plutôt voir les Grands Chefs intervint Pavori.

  - Les Grands Chefs ne seront pas intéressés à un nouveau dragon, répondit Sovel'ha.

  - Ils ne seront pas intéressé à un dragon vert, dit Pavori. Mais un dragon mauve, oui.

Sovel'ha regarda Zéphir. Elle est lavande, pensa-t-il Alors, elle va être mauve... Ce qui veut dire...

  - Tu as raison, Pavori ! Zéphir, nous allons voir les grands chefs ! Nous allons peut-être devenir importants grâce à ta couleur ! Allons-y, vite !

< D’accord. >

  - Euh... Es-ce que Duraka et moi pouvons venir ? demanda timidement Pavori.

  - Oui... Venez vite !

Chapitre 2

Vika

Vika, qui commande les Drak'hels, pianotait sur son fauteuil. Ses longs cheveux noirs allaient parfaitement avec la couleur de ses yeux : noirs. Il était fâché car un groupe d'effrontés avaient été étudiés la prophétie dans la section interdite de la bibliothèque. Si ce groupe racontait ce qu'il avait lu, ce serait la catastrophe. Ils voudront s'allier aux Vurmankas, qui les mettront sans doute dans un poste d’espion... Soudain, une voix fit sursauter Vika :

  - Vous vous concentrez trop, maître...

C'était Matern, le conseiller et serviteur du chef.

  - Tu sais ce qui me tracasse Matern... J'étais justement pour t'appeler.

  - Oui, maître ?

  - Je crois que nous devrions kidnapper deux hommes musclés du village de Cellinia et les forcer à prendre un poste de garde à l'entrée de la section interdite de la bibliothèque...

Matern ricana :

  - C'est une bonne idée, maître... Les troupes ont besoin d'exercice. Si vous les laissez détruire le village, je suis sûr qu'ils apprécieront...

  - Oui. Prépare les troupes pour le massacre. À part les deux hommes dont j'ai besoin, je ne veux pas de survivants... Je ferai tomber la noirceur sur le village. Il pleuvra de vipères. Elles ne toucheront pas aux troupes, bien entendu... Et je veux cela vite fait, avant que les Vurmankas arrivent. Va, vite !

Matern se mit à genoux en hommage au roi et se retourna en courant pour alerter les troupes. Le roi appela son dragon, Karkara.

  - Viens, Karkara... Nous allons faire pleuvoir le sang.

< Oui... J'ai suivi votre conversation... >

Le roi sortit un grimoire, mémorisa quelques formules et sortit de la salle du trône. Dehors, le dragon noir attendait avec impatience. Ils sortirent de la caverne. Le roi contempla les centaines d'éleveurs qui lui avaient voué service. Il fut rempli de dégoût en pensant que dans cette puissante armée, des éleveurs avaient étudié la prophétie maudite. Vika enfourcha son dragon et tira son épée.

Il pointa sa lame vers le ciel. Des centaines de guerriers assoiffés de sang prirent la direction de Cellinia.

Chapitre 3

Les Grands Chefs

Sovel'ha, Zéphir, Pavori et Duraka attendaient impatiemment dans la salle d'attente. Le majordome avait apporté un bol d'eau à Zéphir, qui l'avait bu d'un coup.

< Merci >

Sovel'ha était très excité. Allait-il devenir célèbre ? Allait-il devenir un des Grands Chefs ? Soudain, la porte s’ouvrit et Miko, un des Grands Chefs, invita Sovel'ha et Zéphir à entrer. Pavori se leva pour entrer lui aussi, mais Miko l'arrêta :

  - Vous devez attendre votre tour...

Duraka gronda. Pavori essaya d'expliquer :

  - Nous sommes avec lui...

  - Rien à faire. Ceci est une réunion confidentielle. Personne d'autres que les Grands Chefs, Sovel'ha et sa petite dragonne peuvent y assister...

Pavori alla à l'école avec Duraka. Sovel'ha, avec Zéphir sur son épaule, entra dans une grande salle. Deux hommes étaient assis et un fauteuil était vide. Miko offrit une chaise de bois à Sovel'ha. Puis il alla s'asseoir dans le fauteuil. Sovel'ha les reconnut : C'était les Grands Chefs : Jesta le roi, Che'ko le mage et Miko le conseiller. Sovel'ha s'agenouilla. Le roi prit la parole :

  - Bonjour à toi, jeune Sovel'ha... Et à toi aussi, charmante dragonne !

  - Mon roi, répondit Sovel'ha, C'est un honneur de vous voir.

< Un honneur pour moi aussi > dit Zéphir.

  - Vous avez fait la connaissance de Miko, je vois...

  - Oui, mon roi...

  - Je m'appelle Che'ko, dit le mage. J'aimerais voir Zéphir de plus près...

Zéphir s'envola pour atterrir devant Che'ko. Il l'examina de la tête aux pieds. Le mage se leva et chuchota quelque chose à l'oreille du roi. Jesta hocha la tête et dit :

  - Nous allons avoir un moment seul... Seulement les Grands Chefs.

  - Nous comprenons, répondit Sovel'ha.

Les Grands Chefs entrèrent dans une petite salle insonorisée. Ils s'assirent sur des chaises. Le roi resta debout. Che'ko prit la parole :

  - Croyez-vous que c'est celui que la prophétie annonce, mes frères ?

  - Peut-être, dit Miko. Mais je croyais voir quelqu'un de plus... bâti.

  - L'apparence ne compte pas, Miko, cracha le mage.

Le roi faisait les cents pas. Il arrêta et regarda dans le vide. Il murmura :

  - Nous ne pouvons pas prendre de chance de le laisser passer. Réaliser cette prophétie est une de nos priorités. Nous allons le jumeler avec un guerrier pour qu'il s'entraîne. Vous savez qui...

  - Excellente idée, approuva Miko.

  - Car mikora ku haka, y puz ! dit Che'ko.

  - Nous devons garder tout cela secret, dit le roi. Ne pas dire à Sovel'ha qu'il est l'élu.

Ils sortirent de la petite salle et reprirent leurs places. Sovel'ha et Zéphir attendaient impatiemment. Le roi s'installa et dit :

  - Es-tu prêt à quitter l'école, Sovel'ha ?

Cette question fit sursauter Sovel'ha. Il rit un peu et dit :

  - Euh... Pour vous dire franchement... Je n'ai jamais aimé l'école...

< C'est quoi, l'école ? > demanda Zéphir.

  - Je t'expliquerai plus tard...

  - Alors, nous allons te jumeler avec un guerrier d'expérience pour t'entraîner, dit le roi.

  - Vrai ? s'exclama Sovel'ha.

  - Si... Il s'appelle Sadahell... Et son dragon, Kopar.

Une porte s'ouvrit et un homme musclé entra suivi d'un dragon. Ses cheveux bruns presque noirs tombaient sur ses yeux verts. Il ferma la porte, et dit :

  - Quelqu'un nous a appelés, mon roi ?

  - Oui... Voici Sovel'ha, un jeune tura. Tu vas travailler avec lui et sa dragonne, répondit Jesta.

  - Compris, mon roi. Comment s'appelle ta dragonne, Sovel'ha ?

  - Elle s'appelle Zéphir, monsieur, répliqua Sovel'ha, intimidé devant une telle présence.

Zéphir s'envola pour renifler Kopar. Celui-ci la regarda d'un air intéressé. Zéphir demanda :

< Tu veux jouer avec moi ? >

Kopar rit silencieusement. Sovel'ha se choqua :

  - Zéphir ! Nous sommes dans la salle du trône ! Ce n'est vraiment pas le temps !

Kopar tourna sa grande tête vers lui. Il dit :

< Calme-toi... >

Puis il tourna la tête pour regarder la petite dragonne qui marchait tristement vers Sovel'ha.

< Peut-être plus tard, petite. >

Zéphir gambadait joyeusement maintenant. Tout le monde souriait. Soudain, la porte claqua. Tout le monde resta figé.

Chapitre 4

La Mission

Sovel'ha se remémora des événements passés.

Après avoir rencontré Sadahell et Kopar, les portes menant à la salle d'attente s’étaient ouvertes à la volée. Un messager essoufflé reprit son souffle, s'agenouilla et dit très rapidement :

  - Mon roi, il y a urgence ! Le village de Cellinia a été détruit ! Un couple de survivants dit que des personnes avec des masques d'os ont tout détruit. Ils étaient sur des dragons rouges, disent-ils.

  - Les Drak'hels ! Où sont les survivants ? explosa le roi.

  - Ils sont à la porte de la ville et demandent une chambre à coucher pour la soirée.

  - Amène-les-moi ! Vite !

Le messager partit comme il était arrivé. Le roi frappa son poing sur la table la plus proche. Le beau vase qui était sur la table tomba. Zéphir s'envola et le rattrapa juste avant qu'il ne se fracasse sur le sol. Elle le donna à Jesta qui la remercia en grommelant :

  - Merci, Zéphir... Il faut faire quelque chose contre ces Drak'hels... Ils ravagent tout sur leur passage. Je prévois une attaque.

  - Attaquons avant eux ! dit Miko.

  - Mais qui irait se battre ? Je suis sûr que le roi ne veut pas prendre la chance d'envoyer nos meilleurs guerriers et prendre la chance de tous les perdre. Et nous ne pouvons pas envoyer des débutants. Ils mourront, c'est sûr... De toute façon, nous ne savons pas ou se terrent nos ennemis, dit Che’ko.

< Nous pouvons allez chercher ! Moi, Sovel'ha, Sadahell et Kopar. >

  - Zéphir ! cria Sovel'ha. Vous savez, elle est encore jeune.

Elle grogna. Sadahell dit :

  - Je suis partant. Nous serons les éclaireurs, mon roi. Nous essayerons de découvrir des indices sur le repère des Drak’hels. Nous communiquerons par pigeons voyageurs. Et à mon signal, vous pourrez envoyer une armée. Je suggère des débutants et des guerriers experts dans cette armée. Comme cela, il y aura encore des jeunes étudiants et des gardes pour protéger la ville d'une attaque.

  - D’accord. Et je vous donnerai deux guerriers, dit le roi, Jamais deux sans deux.

  - Mon ami, Pavori, peut-il venir ? demanda Sovel’ha.

  - Oui... Nounora ! appela le roi.

Le majordome arriva et dit :

  - Oui, Votre Altesse ?

  - Va chercher Pavori et son dragon à l’école. Il accompagnera Sovel’ha, Zéphir, Sadahell, Kopar et les autres guerriers.

Nounora partit. Les survivants de Cellinia entrèrent. C’était un homme et une femme. Ils tremblaient. Jesta dit silencieusement à Sadahell :

  - Conduis Sovel’ha et sa dragonne au nouvel appartement. Assure-toi que Pavori retrouve le dortoir. Je t’enverrai des guerriers.

Sadahell appela Sovel’ha et Zéphir. Ils partirent. Mais juste avant que les portes se ferment, Sovel’ha entendit le roi dire :

  - Racontez-moi tout...

  - Mon roi, c’était horrible... Des vipères tombaient du ciel... Ils étaient cruels... Aucuns autres survivants...Nous sommes les seuls... dit l’homme.

Puis il hurla :

  - LES SEULS !

En entendant cela, Sovel’ha se sentit décapité. Il savait que les Drak’hels étaient méchants, mais massacrer tout un village, qui n’avait rien fait, c’était impardonnable.

Chapitre 5

La formule

  - TRIPLE IMBÉCILE ! IDIOT ! criait Vika JE T’AVAIS DIT PAS DE SURVIVANTS ! C’EST TOI QUI COMMANDAIS LES TROUPES, GRYSHA, N’ESSAYE PAS DE LE NIER ! FILS DE CHIEN GALEUX !

Grysha, le commandant en chef, regardait par terre. Il y a quelques jours, ses guerriers avaient détruit Cellinia. Il pensait que tout s’était bien passé, qu’il n’y avait pas de survivants. Mais l’espion qui s’était infiltré dans Vurmankas affirmait que deux survivants s’étaient réfugiés chez les éleveurs ennemis. Maintenant, le commandant pouvait s’attendre à la pire des punitions. Il balbutia :

  - L’espion s’est peut-être trompé... C’était peut-être des clochards qui erraient et qui ont demandé hospitalité... Impossible qu’il y a des survivants, les vipères que tu as envoyées pour nous aidées ont fouillé partout et...

  - A OUI ? NE SAVAIS-TU DONC PAS QUE L’ESPION NE SE TROMPE JAMAIS ? ET J’IMAGINE QUE TU NE SAIS PAS NON PLUS QU’UNE TROUPE D’ÉCLAIREURS MARCHE EN CE MOMENT VERS CELLINIA ! ESPÈCE DE CRÉTIN !

Le commandant resta bouche bée. Il dit :

  - Je vais rassembler les guerriers.

  - Nul besoin de guerriers, dit le roi redevenu étrangement calme. Il souriait cruellement, Tu iras seul. Avec ton dragon. Tu vas prendre la direction de Cellinia ce soir même. Je ne veux te revoir que si tu as les têtes des éclaireurs. Si tu ne reviens pas... Bah.

Grysha était en colère. En grande colère. Il voulait crier au roi que c’était de sa faute si les vipères n’avaient pas trouvé les survivants. Mais il savait que s’il faisait ça, il aurait une punition encore plus grave. Le commandant frissonna à l’idée d’être saucé dans de l’huile bouillante. C’était un des supplices préférés du roi. Grysha devait se juger chanceux d’avoir une chance de se reprendre. Il s’inclina et dit :

  - Je reviendrai victorieux, mon roi !

Le commandant appela Torgat, son dragon aux écailles rouge sang, et prépara des vivres. Le roi regarda un grimoire qu’il avait pris au hasard de sa bibliothèque privée. Soudain, ses yeux tombèrent sur une ancienne formule, très compliquée. Il la regarda de plus près et sourit. Il appela Grysha :

  - Grysha, mon fidèle commandant, serais-tu prêt à recevoir un allié ? Quelqu’un pour t’aider dans ta punition ?

Le commandant se retourna brusquement. Une telle offre du roi le surprit. Il balbutia : Qu.. Quoi ? C’est ma punition... Et tu m’offres de l’aide ? Tu vas bien, mon roi ? Ce n’est pas comme toi.

  - JE T’AI POSÉ UNE QUESTION ! RÉPONDS ! VEUX-TU DE L’AIDE OU PAS ? hurla le roi.

  - Oui, mon roi ! tonna Grysha, qui reconnaissait maintenant son roi.

  - Bon. Ne bouge pas. Et dis à ton dragon de ne pas bouger non plus. Je commence : YUKTAR ! ÉMMÉ RAKNU EL TEG PUYITARA DAN EL DRAGONNO !

Le commandant avait tout compris. Avant qu’il puisse bouger, il fut frappé par un coup de foudre. La paroi de la caverne avait été percée par l’éclair. Grysha criait. Il se transformait. Deux ailes poussèrent dans son dos. Des cornes recourbées apparurent sur sa tête. Ses vêtements se déchirèrent tellement, il devint musclé : seuls les pantalons à moitié déchirés avaient résisté. Des griffes avaient remplacé ses ongles. Ses jambes se terminaient maintenant par de longs sabots. Des symboles ornaient sa poitrine, qui était lavande comme le reste de son corps. Ses yeux devinrent rouges flamboyants tellement que le roi aurait pu jurer qu’il avait vu des flammes danser au milieu.

Quant à Torgat, ses cornes devinrent deux fois plus grosses quelles ne l’étaient. Mais il n’était pas devenu aussi musclé que son maître. Il était devenu plus maigre, plus agile. Il hurla de douleur, et, en même temps, un long jet de flamme sortit de sa gueule. Il crachait déjà des flammes, mais celles-ci pouvaient atteindre plus loin, avec plus de précision. Ses écailles devinrent rouges foncées, presque noires.

Le roi, était étalé non loin de là, observant toute la scène. Les forces magiques qu’il avait utilisées l’avaient vidé de toutes ses énergies.

Le commandant alla fouiller dans les choses du roi et trouva un bandeau noir. Il se l’attacha autour des yeux. Torgat renifla le roi, qui dit :

  - Mais... Qu’est il arrivé ?

 L’être l’observa un moment. Puis il déclara :

  - Vous m’avez appelé des enfers. Je suis le démon, Blikkard, venu pour vous servir.

  - Commandant.

  - Le commandant n’existe plus en ce monde. J’ai pris sa place. Il a pris la mienne. Grysha est en train de faire souffrir les punis qui sont entrés dans les enfers. Je peux dire que toi et tes disciples sont sur la liste d’attente.

  - Je m’en fou, grogna le roi, Tu vas m’obéir... Ou…

Mais le roi tomba. Il n’avait plus d’énergie. Il se senti soulevé et apporté. Sa dernière pensée fut :

  - J’ai réussi... Je peux utiliser cela contre l’élu de la prophétie... L’espion dit qu’il est avec les éclaireurs... Je...

Chapitre 6

La potion

Le roi des Drak’hels gisait inconscient dans un lit. Blikkard l’avait soulevé, et avait demandé à un esclave où était l’infirmerie. Suite à la réponse, il avait foncé vers une chambre et avait étalé le roi dans un des nombreux lits. Des infirmières, effrayées par le démon mais fidèles à leur devoir, firent avaler à Vika un liquide gris et épais qui était destiné à soigner les maux de magie. Ces maux n’étaient pas courants et les infirmières eurent beaucoup de difficulté à faire cette potion, tant elles n’étaient pas habituées. Au premier essai, la marmite explosa répandant son contenu partout dans la salle.

Le démon fut éclaboussé, mais il se nettoya grâce à une formule Diabloise. Cette langue était courante dans les enfers. Il déclara : Ruk mak niglayok !

Après maintes excuses, les infirmières réessayèrent. Cette fois, la potion fut, à la place d’un fortifiant, un puissant poison. Jya, une des infirmières, insista pour y goutter. Elle but une bonne rasade. Rien ne se passa pour un moment. Puis, en hurlant de douleur, elle tomba sur le sol en se tortillant comme un serpent. Blikkard s’approcha et dit :

  - Cak riro nis gup, tifape karok.

Jya cessa de se tortiller et se leva. Elle remercia le démon, qui offrit son aide. Il dit :

  - Soyez prudentes ! Si je n’étais pas là, qui sait ce qui pourrait arriver ensuite ? Bon. Où est votre grimoire ? Aha ! Il faut que vous disiez une formule Diabloise ! Vous ne la connaissez certainement pas ! Je vais la réciter au temps venu. Alors, il faut deux, non, quatre yeux de crapaud, un crin d’une queue de cheval... Ah ! Oui ! Un sabot d’antilope noire. Mélangez tout cela dans du sang de dragon Vurmanka... Je dois réciter maintenant. Attention, reculez. Les formules Diabloises peuvent être puissantes, dévastatrices. J’y vais : YUD REPURA FOR TARIA KODAGU WE FARUM FO YURE DAYA !

Le mélange prit une couleur noire, puis grise. Blikkard déclara :

  - La potion sera plus puissante chaude. Jya, donnes-en au roi. Je suis fatigué. Je vais me coucher.

Le démon partit, sans laisser les infirmières dire quoi que ce soit. Celles-ci étaient impressionnées. Elles avaient entendu parler de la puissance des démons, mais elles n’y avaient jamais cru. Jya versa lentement la potion dans la bouche du roi qui l’avala instinctivement. Soudain, le dragon Torgat apparut dans l’entrebâillement de la porte et dit :

< Mon maître avait oublié de vous dire qu’il va falloir donner à Vika cette potion à tous les jours, a la même heure que la première rasade. >

Chapitre 7

La créature

Sovel’ha se réveilla en sursaut. Il avait eu un horrible cauchemar. Ce n’était pas la première fois cette semaine. Ça faisait deux jours que Sadahell et Pavori préparaient le départ, ça faisait deux jours qu’ils couchaient dans un nouveau dortoir et ça faisait deux soirs que Sovel’ha avait des cauchemars.

 Les cauchemars qu’il avait faits étaient tous les deux pareils. Une créature avec deux longues ailes, deux grandes cornes sur le front, un bandeau noir autour des yeux, des griffes, des jambes poilues qui se terminaient par de longs sabots et des symboles qui semblaient avoir été brûlés sur sa peau était assise sur une chaise dans une caverne. Un dragon rouge presque noir était tapi derrière la créature. Celle-ci regardait autour. Sovel’ha pria pour qu’elle ne le remarque pas. Malheureusement pour lui, il semblait que la créature pouvait regarder à travers son bandeau car il se leva pour marcher en direction de Sovel’ha. Ce dernier était pris. Ses pieds ne lui obéissaient plus. La créature le saisit par le cou et commença à murmurer :

  - Tu vas mourir... Tu vas mourir.

Les doigts se resserrèrent autour du cou de Sovel’ha. Celui-ci savait que ça ne pouvait être qu’un rêve, mais il sentait les doigts de la créature. Il sentait le besoin d’air. Il étouffait !

C’est à ce moment qu’il se réveilla. Sovel’ha tata son cou. Il prit une grande bouffée d’air et soupira. L’éleveur se leva et marcha vers la cuisine. Par accident, il pila sur la queue de Zéphir. La dragonne sauta et grogna. Elle était grande comme un chien, mais heureusement, elle n’était pas assez grande pour devoir rester dehors avec Kopar et Duraka. Elle dit :

< Fais attention ! Que fais-tu debout de toute façon ? Vas te coucher ! >

  - Désolé ! Je vais voir Sadahell. Après que je lui ai raconté mon cauchemar, il avait dit qu’il allait faire des recherches à la bibliothèque. Tu dormais. Je me suis endormi à mon tour. Je viens juste de me réveiller. Quelqu’un m’a porté dans mon lit, je suppose.

< Je viens ! Après tout, je ne pourrai plus dormir car un imbécile m’a pilé sur la queue. Elle me fait encore mal... >

  - On ne traite pas son maître de cette façon ! Plus de croquettes Dragonnis pour toi !

< Ah, non ! Pas les croquettes Dragonnis ! D’accord, je me reprends... Je viens car je veux savoir ce qui se passe dans la vie de mon maître bien-aimé. C’est bon ? >

Sovel’ha fouilla dans sa poche et trouva une croquette. Il la lança dans la direction de sa dragonne qui l’avala goulument.

Le jeune éleveur se trouvait maintenant dans la cuisine du dortoir. Il n’arrivait pas à croire que tout cela lui était arrivé. Avant, son dortoir n’était qu’une salle avec quatre lits. Sovel’ha en occupait un, Pavori un autre, et les deux autres turas ronflaient tellement qu’ils auraient pu réveiller un mort ! Sovel’ha avait donc du mal à dormir toutes les nuits. Maintenant, il avait un dortoir réservé aux nobles. Tout était silencieux. Cela aurait été parfait si l’étrange cauchemar n’avait pas commencé à le tourmenter.

Soudain, Zéphir dressa ses oreilles pointues et dit silencieusement :

< J’entends des bruits de pas. >

Sovel’ha se retourna et rit. Zéphir montra des dents et dit :

< Tu peux rire ! Mais ris silencieusement ! Je te jure qu’il y a des bruits de pas ! >

Sovel’ha s’approcha et dit :

  - Reg el dar parouka el ref.

Le feu s’alluma dans l’âtre de la cuisine. Le jeune éleveur regarda autour de lui et n’en crut pas ses yeux. Pavori s’empiffrait de gâteaux aux fruits que des servantes avaient préparé la veille pour le dessert du souper. Le gourmand garçon se retourna et regarda longtemps Sovel’ha. Ce dernier riait tellement fort qu’il pleurait. Zéphir grognait avec un grand sourire. L’éleveur de celle-ci déclara :

  - Voilà ton rôdeur, Zéphir ! Tu aurais dû te fier à ton flair ! Tu aurais pu sentir les gâteaux aux fruits !

Sadahell entra. Ses yeux étaient mi-clos. Il bailla et dit :

  - Merci de m’avoir réveillé, les gars. Il faut se lever tôt, demain. Allez-vous recoucher.

  - Je ne pourrai pas dormir. J’ai encore fait le cauchemar.

Sadahell se tourna vers Sovel’ha qui continua :

  - Je venais te voir pour te demander si la recherche avait été fructueuse.

Le guerrier baissa les yeux et déclara :

  - J’ai découvert que la créature de tes rêves est un...

Il hésita avant de finir :

  - Est un démon, Sovel’ha.

Chapitre 8

La leçon

La mâchoire de Sovel’ha se décrocha. Il balbutia quelque chose et déclara :

  - Un démon ? Mais c’est impossible ! Qu’ai-je fait pour attirer la colère d’un démon ? Les démons n’ont pas de dragons ! Seuls les éleveurs en ont ! Mes seuls ennemis sont...

Il s’interrompit. L’éleveur avait tout compris. Avec rage, il dit :

  - Il sert les Drak’hels, n’est-ce pas ?

  - C’est ma théorie, dit Sadahell

Sovel’ha pleurait. En essayant de contenir sa fureur, il dit :

  - Pourquoi moi ? Pourquoi pas toi, Pavori, ou le roi ? Je ne suis qu’un tura !

Sadahell croisa son regard avec celui de l’éleveur. Il put lire toute la haine dans ses yeux. Le guerrier finit par dire :

  - Il y a des choses que je n’ai pas le droit de te dire. Mais n’oublie pas que je suis ton ami. Pas ton maître. Si tu dois m’obéir, c’est parce que tu es en danger. Ton seul maître, c’est toi-même. Tu choisis ta destinée. Tu choisis si la journée que tu vas passer va être bonne ou mauvaise. La vie est un long chemin parsemé d’embûches. Tu as des ennemis. Des ennemis intérieurs comme la haine, la fureur, la rage, la tristesse et bien d’autres. Hat el kan wuza.

Sovel’ha avait séché ses larmes. Il s’empara d’un petit gâteau aux fruits et entreprit de le dévorer sous les grognements de Pavori. Le maruf sourit.

  - En plus d’avoir trouvé la créature qui hante tes rêves, j’ai découvert une formule qui empêchera le démon de revenir dans ton sommeil. La formule est simple. Elle créera une barrière infranchissable. Elle t’empêchera d’avoir des rêves, mais puisque qu’on se souvient peu de ses rêves, cela n’est pas important. Tu vas pouvoir dormir. Répète sans y mettre ton énergie spirituelle : Yi fa tou plo re karaz ja mi fetari.

  - Yi fa tou plo re karaz ja mi fetari, répéta Sovel’ha.

  - Bien. Maintenant, répète en y mettant toute ton énergie. La formule te videra peut-être de ton énergie, mais tu n’auras pas à la répéter. Ne crie pas surtout. Mettre de l’énergie ne veut pas dire crier. Vas-y ! ordonna Sadahell.

  - Yi fa tou plo re karaz ja mi fetari ! tonna l’éleveur.

Il attendit quelques secondes avant de déclarer :

  - Je ne me sens pas différent.

  - Tu n’es pas différent, dit Pavori entre deux bouchées de gâteaux.

  - C’est dans ton sommeil que tu vas savoir si la formule a agi, expliqua le guerrier, Maintenant, allez-vous coucher. Demain, nous partons de bonne heure.

< Qui sont les guerriers qui nous accompagnent ? > demanda Zéphir.

Sadahell sourit et dit :

  - Je ne sais pas encore. Nous le saurons demain, petite dragonne. Toi, Sovel’ha, n’oublie jamais ce que je t’ai dit. Ce sera ta leçon de ce soir.

Chapitre 9

Les révélations du démon

Le démon méditait dans une chambre fermée qu’un esclave lui avait montrée. C’était une salle caverneuse, comme il l’aime. L’esclave avait insisté pour lui donner une chambre beaucoup plus confortable qu’une partie de la caverne avec une simple chaise. Bien entendu, le repaire des Drak’hels lui-même était creusé dans la roche. Les sculpteurs avaient tellement bien travaillé qu’on aurait dit l’œuvre de la nature. La chambre dans laquelle Blikkard logeait était une des nombreuses salles sculptées.

Assis sur la chaise, Blikkard était perdu dans ses pensées. Il y a quelques jours, il avait commencé à hanter les rêves d’un jeune Vurmanka appelé Sovel’ha. D’après l’espion, il est l’élu de la prophétie. Le démon emprisonnait l’esprit de l’ennemi et l’apportait dans sa caverne. Il faisait ce qu’il voulait avec ce petit Sovel’ha jusqu’au temps où il se réveille. Blikkard le terrorisait. Hier, il avait essayé encore de s’emparer de l’esprit du Vurmanka mais il s’était heurté à une barrière. Le démon avait beau la contourner, il ne pouvait plus entrer. Blikkard sursauta lorsqu’il entendit un bruit. C’était Rarou, son serviteur.

 Rarou le servait dans les enfers. Il a eu le privilège d’avoir le corps du dragon. Ce dernier s’approcha et dit :

< Le roi est sur pied et il veut vous voir, maître. >

Blikkard grogna. Il tonna :

  - Rarou, mon serviteur, ne t’aie-je pas dit de ne pas me déranger quand je médite ?

Le dragon baissa la tête.

< Il dit que c’est très important, maître... >

  - JE SUIS TON MAÎTRE, SERVITEUR POUILLEUX ! TU ME SERS, PAS LE ROI !

 Le démon leva la main et la referma, comme pour étouffer quelqu’un d’une main. Il tonna une série de mots et Rarou fut pris d’une douleur atroce. Même s’il était habitué à la douleur, jamais elle n’avait été aussi douloureuse. Le dragon hurla. Du feu sortit de sa gueule. Blikkard riait. Il relâcha l’étreinte invisible et le serviteur s’effondra. En ricanant, le démon dit :

  - N’oublie jamais ce que je t’ai dit. Maintenant, reste dans la caverne. Je n’aimerais pas que les Drak’hels voient mon serviteur dans cet état. Que leur dirais-je ? Bah, cela n’a pas d’importance, puisque tu restes ici. N’est-ce pas ?

< Oui, maître... > souffla le dragon.

Le démon partit. En arrivant à la salle du trône, il constata que le roi l’avait appelé pour une réunion. Matern et Karkara étaient là, impassible. Le roi dit sans joie :

  - Alors, démon ? Dès remis sur pied, on m’a appris que tu t’amusais à torturer un pauvre petit Vurmanka... Eh bien, je ne veux plus que tu le fasses. L’espion m’a informé qu’il n’est pas puissant. La torture ne fera que semer le doute en lui.

  - Content de vous voir, Excellence. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Laquelle voulez-vous entendre la première ? demanda Blikkard avec un sourire.

  - Ne plaisante pas ! Sais-tu que j’ai le pouvoir de te ramener en enfer ? Parle ! Sinon, tonna le roi.

  - Calmez-vous, mon roi... Je sais que tu as un tel pouvoir. Mais cela demande beaucoup plus t’énergie quand apporter un dans votre monde. Le sort vous tuerait, laissant les Drak’hels sans chef. Je ne crois pas que vous ayez de fils, donc le choix pour le nouveau roi sera long. Les Vurmankas attaqueront et l’empire tombera entre leurs mains. Mais, bon, vous voulez mes nouvelles, voici donc la bonne : Le Vurmanka s’appelle Sovel’ha. Je m’étonne de savoir que votre espion ne vous l’a pas dit.

Le roi tonna :

  - La cité Vurmankane, Gora, est assez éloigné de notre repère. Les pigeons prennent cinq jours et cinq nuits avant de me donner le message. Continue avec la mauvaise nouvelle, démon.

  - La mauvaise, c’est que Sovel’ha et sa dragonne sont beaucoup plus puissans que vous ne le pensez.

lundi 29 mars 2010

Chapitre 10

Le plan

Vika se tordait de rire sur son trône. Matern ricanait et Karkara grogna avant de dire d’une voix sombre :

< Ne te moquerais-tu pas de nous ? Nous croyons l’espion. Il nous donne de précieux renseignements depuis des années ! Mon éleveur et moi n’en doutons pas. Ce n’est qu’un serviteur dévoué au plus haut niveau ! Tes paroles n’ont pas de sens, ô démon ! >

Ce dernier était resté impassible. Avec un sourire, il souligna :

  - Croyez ce que vous voulez. Je ne suis qu’un petit démon venu des enfers qui peut torturer un enfant pendant son sommeil et lire ses pensées et ses capacités en même temps. Il est puissant, sauf qu’il n’a découvert qu’un petit peu de sa puissance. Sovel’ha marche en ce moment vers Cellinia, où ce qui reste du village. Mais, pour se rendre là, lui et sa troupe devront éviter des embûches que j’aurai créé... Sous votre direction, bien sûr. Voici une carte, excellence. Elle montre parfaitement le chemin qu’empruntera Sovel’ha.

Le roi reprit son souffle et examina la carte.

  - Hmmmm.... La Vallée de feu... le Précipice de glace... la Mer de sang... le Gouffre des Anciens... la Forêt des Elfes... Ha ! Le voyage ne sera pas de tout repos... Et j’ai prévu un plan pour quand la troupe arrivera à Cellinia. J’aurai des guetteurs postés à l’orée du bois des elfes. Lorsque qu’elle arrivera au village, je serai là, avec toi. J’ensorcellerai ce Sovel’ha comme j’ai ensorcelé cet idiot de commandant. Il sera à moi, et, avec deux démons, les Drak’hels seront invincibles ! Le monde basculera contre ma volonté ! Ha ha ha !

  - Les guetteurs que vous allez mettre ne devraient pas être trop près du bois. Les elfes sont intolérables, en ces temps. Ils tuent ceux qui s’approchent de leur bois, intervint Matern.

  - Je veillerai à cela, cracha le roi, A la place de traîner, Matern, va me chercher quatre hommes de qualité. Ce seront les guetteurs. Va !

Matern partit avec hâte. Le roi continua :

  - Karkara, va me chercher une jarre de la potion grise qui m’a remis sur pied. J’en aurai probablement besoin lorsque j’ensorcellerai Sovel’ha. Démon ! Dans combien de jours crois-tu que le petit moustique qu’est le Vurmanka arrivera à Cellinia ?

  - Dans cinq jours... S’il survit.

Le roi laissa court à une cascade de rires cruels.

Chapitre 11

La chasse

Sovel’ha marchait avec Zéphir qui volait au-dessus de lui. Pavori, Duraka, Sadahell et Kopar les accompagnaient. Cinq guerriers étaient avec eux. Leurs noms étaient : Gottur et son dragon Hardo, Plafud et Jarresse la dragonne, Kouta et Barota, Wargat et Lio et Ragon et Mura. Sovel’ha trouvait bizarre que Jesta ait changé le nombre de deux guerriers a cinq, mais il s’en soucia pas et marcha sans répit.

Au crépuscule, Sadahell s’arrêta et dit :

  - Nous monterons notre camp ici.

Les sept dragons atterrirent dans l’herbe. Sovel’ha était le seul à avoir marché. Sadahell distribua des tâches :

  - Gottur et Hardo, allez me chercher des branches bien solides et droites pour faire les tentes. Pavori et Duraka vous accompagneront. Plafud, Jarresse, Kouta et Barota, allez cherchez de la nourriture. Wargat, Lio, Ragon et Mura, une source d’eau. Moi, Sovel’ha, Kopar et Zéphir organiseront le site du camp. Allez et ne traînez pas !

Sadahell s’approcha de Gottur et lui chuchota quelques paroles. Gottur hocha la tête et invita Pavori à le suivre. Ce dernier vint s’en rouspéter. Il préférait rester avec son ami, mais ce sont des marufs. Il faut obéir aux guerriers. Pavori partit donc à contrecœur.

Le lendemain, Sovel’ha se réveilla de bonne heure. Il n’avait jamais aussi bien dormi. L’éleveur s’étira et se leva. Pavori dormait paisiblement à coté de lui. Il sortit donc sans faire de bruits. Dehors, Plafud avait commencé un feu et se réchauffait. Zéphir et Jarresse jouaient. Sovel’ha se dirigea en grelottant vers le feu. Il marmonna :

  - Fais pas chaud, aujourd’hui... Brrrr.

< Salut ! Tu sais, Sadahell estime que je serai capable de te transporter demain. > cria Zéphir à son éleveur.

Elle disait vrai. Maintenant, elle était aussi grosse qu’un poney. Sadahell sortit d’une des deux tentes et s’approcha du feu. Kopar se leva aussi. En se levant, il frappa Lio, qui grogna. Sadahell salua son dragon. Il dit :

  - Sovel’ha, va réveiller les gens dans ta tente. Plafud, nous arriverons bientôt à...Hmm... Tu-sais-où. Sommes-nous près ?

  - Presque. Il nous faudra apporter une gourde d’eau pour laver les blessures... Je sais qu’il va en avoir, répondit ce dernier.

  - Oui. Alors, voici une gourde. Vas la remplir avec l’eau de la source. Reviens vite !

Sovel’ha avait entendu, mais il ne s’en soucia pas. Il était bien trop occupé à réveiller Pavori et Gottur. Bientôt, tout le monde fit dehors et Sadahell distribua les taches, comme la veille. Cette fois, Sovel’ha avait la tâche d’aller chercher de la nourriture avec Kouta. Il se hâta de le suivre. Les deux dragons restèrent au campement car Sadahell ne voulait pas qu’ils abîment leurs ailes sur les branches de la forêt. Hier, Hardo s’était percé l’aile.

En marchant, Sovel’ha aperçu des traces de cerf. Il les montra à Kouta, qui dit :

  - Hmmmm... As-tu ton arc et tes flèches ?

  - Je les ai toujours avec moi.

  - Bon, allons-y. Nous irons cueillir des baies plus tard.

  - Sadahell ne veut pas que des baies ?

  - Je ne sais pas. Hier, il n’y avait que des baies, comme tu le sais. Berk ! Mais Sadahell ne sera sûrement pas fâché si nous apportons de la viande.

  - Le cerf est blessé. Si nous nous dépêchons, nous pouvons le rattraper.

Les hommes couraient. Bientôt, ils s’accroupirent derrière un buisson et observèrent le cerf blessé qui, couché dans l’herbe, léchait sa plaie. Sovel’ha arma son arc et tira. Le cerf tomba.

  - Belle prise ! le complimenta Kouta, Oh, regarde ! Le troupeau en entier ! Je crois que...

Soudain, le bruit de battements d’ailes remplit la plaine. Les cerfs, apeurés, partirent dans toutes les directions. Les dragons du camp chassaient ! Zéphir était parmi eux, rugissant comme une folle. Elle essaya d’attraper dans ses serres un jeune cerf, mais elle le manqua. Elle claqua ses mâchoires de rage et le mordit au cou. Le cerf s’écroula sous les rugissements de triomphe de la dragonne.

Chapitre 12

La première étape

Les dragons étaient maintenant accroupis dans la plaine, dévorant leurs repas. Sovel’ha se leva pour aller rejoindre Zéphir, qui s’affairait à enlever les cornes. Jarresse dit à Zéphir :

< D’habitude, nous ne prenons pas le temps d’enlever les choses immangeables. Si tu continues, nous allons avoir fini avant toi. Tu seras en train d’enlever la fourrure lorsque nous partirons de la plaine ! >

< C’est ma première fois, d’accord ? Avant, je ne mangeais que de la purée Dragonnis ! Miam, c’était un délice ! Alors, que dois-je faire pour être aussi vite que vous, Mme je-sais-tout ? >

< Tu n’as qu’à tout dévorer, en laissant de coté les choses que tu ne veux pas. >

Zéphir grogna et commença à percer un trou dans la fourrure pour rejoindre la chair de l’animal. Sovel’ha arriva et s’assied à coté d’elle. Il la félicita :

  - Belle capture ! J’ai tout vu !

  - Nous devons aller chercher des baies, Sovel’ha. Viens, dit Plafud qui l’avait rejoint.

  - D’accord, je viens. À tout à l’heure, Zéphir.

La dragonne ne répondit pas. Elle était occupée à manger. Son éleveur suivi Kouta. Puisque Kouta connaissait la forêt depuis qu’il était tout petit, chercher des baies ne prit pas trop de temps. Tandis qu’ils remplissaient les paniers, Kouta déclara :

  - Sadahell doit être inquiet. Rentrons au camp. Nous allons être en retard pour le départ.

Sovel’ha ne discuta pas. Rendu au camp, Sadahell s’écria :

  - Hé, les gars ! Vous en avez mis du temps !

  - Nous avons chassé un peu. Ce cerf pèse une tonne ! Ouf ! dit Kouta en déposant le cerf, Le feu est prêt ?

  - Oui, tout prêt ! Les dragons nous ont avisés de votre capture.

Les guerriers mangèrent avec appétit. Après le repas, Sadahell cria :

  - En route pour la Vallée de feu !

Sovel’ha blêmit. Ce nom n’avait rien de rassurant. Les guerriers montèrent sur leur monture, mais aucune ne s’envola. Sadahell s’approcha de Sovel’ha et lui dit :

  - Il est temps que tu montes Zéphir.

  - Elle ne pourra jamais me transporter ! s’exclama Sovel’ha.

  - Regarde-la, jeune homme. La considère tu vraiment comme faible ?

Sovel’ha tourna la tête et vit que Sadahell disait vrai. Elle avait encore grandi !

  - En fait, elle a atteint sa taille adulte pensa le jeune éleveur, Les dragons sont toujours surprenants !

Il s’approcha de Zéphir. Cette dernière se coucha pour faciliter la tâche de monter sur son dos. Elle étendit ses ailes pour s’envoler...

  - Nous marchons, Zéphir, dit Sadahell en montant sur son dragon, Tous les dragons sont fatigués.

< Je ne suis pas fatiguée ! > s’exclama la dragonne. < Je veux voler ! >

  - C’est un ordre, dragonne, dit le guerrier d’une voie brusque, Obéis-la, sinon.

Elle replia ses ailes. La troupe se mit à marcher. Sovel’ha demanda à Wargat ce qu’était la Vallée de feu. Le guerrier partit à rire avant de déclarer :

  - Tu ne sais pas ce qu’est la Vallée de feu ? Es-tu sérieux, garçon ? Mon dieu, qui t’a éduqué ? Bon, la Vallée de feu est une plaine. Ou, c’était une plaine. C’était une belle plaine où les cerfs allaient gambader et brouter. Mais, un jour, un volcan sortit de dieu sait où, la transforma en lac de lave. La lave s’est durci, alors nous pourrons peut-être traverser. Je dis peut-être car les salamandres, ces gros lézards des laves, ont élu domicile à cet endroit et essaient de le garder pour eux en tuant quiconque s’avance sur leur terre. Les rumeurs sont que le dieu Seth, le dieu du mal, est responsable de tout cela. C’est la première étape pour se rendre à Cellinia.

Chapitre 13

La Vallée de feu

Sovel’ha s’endormait. Il ne se passait rien depuis des heures. Il était midi et l’éleveur avait faim. Wargat, qui avait été à coté de lui tout le voyage jusqu’à la vallée, lui avait offert un guignon de pain un peu plus tôt. Sovel’ha l’avait mangé très vite et, maintenant, le regrettait. Il ne voulait pas demander à Wargat plus de son pain.

Une autre heure s’écoula. Soudain, Sadahell demanda le silence.

  - Facile, pensa Sovel’ha, Je suis silencieux depuis des heures. J’ai eu le temps de me pratiquer.

Mais lorsque Sadahell dit qu’ils étaient arrivés, le cœur de Sovel’ha fit un bond. Il ouvrit les yeux et découvrit une plaine pétrifiée, avec au cœur, un volcan éteint.

  - Mais où sont les salamandres ? chuchota Sovel’ha.

  - Elles dorment, probablement. Alors, silence, répondit Wargat sur le même ton.

Kopar avança de quelques pas hésitants, puis commença à marcher silencieusement. Les autres dragons suivirent son exemple. Sovel’ha remarqua une créature couchée sur une pierre. Elle dormait. La créature grosse comme un chien était blanche, avec des taches pourpres. De la bave dégoulinait de sa bouche ouverte. Sovel’ha vit trois rangées de dents pointues, comme le requin.

  - Cela doit être une salamandre, songea-t-il, J’espère qu’elle n’a pas un bon odorat !

La troupe était rendue au milieu de la plaine. Tout allait bien. Mais la terre se mit alors à trembler. Le volcan se réveillait ! La salamandre que Sovel’ha avait vu ouvrit paresseusement un œil, puis l’autre. En apercevant les visiteurs, elle hurla. Son cri était aigu, tellement aigu que Sovel’ha dut lâcher Zéphir, qui grogna, pour se bloquer les oreilles. Les autres salamandres cachées se réveillèrent en entendant l’appel de leur sœur. Elles s’avançaient maintenant dans la lave qui coulait du volcan.

  - Foncez ! Je vais essayer de les retenir ! hurla Ragon, Allez-y ! C’est notre seule chance !

  - T’es fou, Ragon ! répondit Sadahell, La lave va rejoindre Mura ! Court !

  - Je reste ici ! Elles sont agiles, mais pas assez pour ma lame ! Lorsque vous vous serez enfuis, je vous rejoindrai ! Vite ! continua de hurler Ragon en tirant son épée.

Les sept autres dragons couraient maintenant vers la forêt. Sovel’ha sauta de Zéphir et regarda en arrière. Ragon se battait courageusement, mais il avait trop de salamandres. Mura était poussé vers la forêt à cause de la lave. Pendant qu’il reculait, les salamandres grimpaient et le mordaient. Mura essaya de les écraser, mais une atteint son ventre et le mordit.

< ARRRRRRGGGGHHHH ! > hurla Mura

Ragon se débarrassa de la salamandre qui fouillait maintenant la chair de son dragon. Pendant ce temps, une autre salamandre sauta sur le dos du guerrier et entreprit de lui dévorer la tête. Ragon leva son épée, mais une salamandre lui arracha des mains. Le guerrier leva sa tête pleine de bave et de sang et aperçut Sovel’ha qui observait, terrorisé. Ragon hurla :

  - COURS, SOVEL’HA ! COURS, ET QUE LA CHANCE SOIT AVEC TOI !

Il fut ensuite enseveli dans la vague des salamandres affamées.

Chapitre 14

La suite du voyage

Zéphir courait comme une folle. Elle n’avait pas remarqué que Sovel’ha avait sauté de son dos. À bout de souffle, les autres dragons commençaient à ralentir. Zéphir arrêta et remarqua la disparition de son éleveur. Heureusement, il arriva quelques secondes après. Il pleurait. Sadahell le réprimanda :

  - Pourquoi es-tu sauté du dos de Zéphir, Sovel’ha ? Tu aurais pu mourir !

Sovel’ha ne répondit pas. Il tomba à genou et lâcha un autre sanglot. Gottur sauta de son dragon et s’approcha. Il mit sa main sur son épaule. Il lui demanda :

  - Il est mort, n’est-ce pas ?

Sovel’ha hocha la tête et renifla. Il s’essuya les yeux et dit :

  - C’était horrible.

Zéphir s’approcha, se coucha et posa sa tête sur ses genoux. Sovel’ha la flatta. Kouta dit :

  - Les dragons sont fatigués. Nous devons nous arrêter. Dressons le campement ici.

  - Non. Les salamandres ratisseront la forêt pour nous trouver. Nous devons sortir d’ici et pénétrer dans la zone rouge de la forêt. La zone rouge est probablement à des milles d’ici, mais, une fois en sécurité, je vous promets autant de repos que vous le voudrez, s’imposa Sadahell, Monte sur Zéphir, Sovel’ha. Ne saute pas, surtout.

Ce dernier fit ce que le guerrier lui avait dit de faire. Dès sur sa monture, la troupe avance. Sovel’ha demanda à Plafud :

  - C’est quoi, la zone rouge ?

  - La zone rouge est une partie de la forêt ou les salamandres ne s’aventurent jamais pour une cause : la Dent de Vampire. Elles sont allergiques à cette fleur rouge sang... Elles meurent immédiatement lorsqu’elles sentent le pollen de la plante. Nous serons donc en sécurité près de cette plante. Bien sure, elle est inoffensive pour les humains et les dragons.

Des heures passèrent. Au coucher du soleil, Sadahell cria de joie : La troupe avait réussi ! Des Dents de Vampires poussaient partout.

 Bon, installons-nous ici. Les salamandres ne nous embêteront plus. Demain, lorsque vous serez prêts à partir, nous nous mettrons en route pour le pays de la glace.

Sovel’ha frissonna. Il avait déjà froid. Tout le monde était trop fatigué pour faire quoi que ce soit, alors la troupe mangea et se coucha.

Chapitre 15

Les aigles

Blikkard hurla de rage. Les Vurmankas avaient réussi la traversée de La vallée de feu. Un guerrier était mort. Maintenant, ils étaient dans la zone rouge de la forêt.

  - Relaxe, démon. Dis-moi plutôt ce que tu as vu pendant que tu méditais, dit Vika, qui était entré dans la caverne de la créature.

 J’ai vu leur traversée, maître. Un seul guerrier est mort. Un seul, avec son dragon. C’était un guerrier du nom de Ragon. Le dragon, Mura, répondit Blikkard.

  - Ils sont arrêtés pour la nuit, n’est-ce pas ?

  - Oui, Vika. Ne crois pas que les salamandres les retrouveront et les tueront. La troupe est dans la zone rouge.

  - Hmmmm.... Nous n’avons plus qu’attendre qu’ils arrivent au Précipice de glace. Es-tu fatigué de ton dernier sort ?

  - Non. Réveiller le volcan était un jeu d’enfant. Je crois que je vais envoyer trois aigles blancs. Ces belles créatures viennent des enfers. Elles vont garder le Précipice de glace. Laissez-moi seul, le temps que je les apporte dans votre monde.

  - Bien. Je te laisse, dit le roi en partant.

Le démon resta impassible un moment. Puis, il éclata de rire.

  - Ah, les mortels croient vraiment n’importe quoi ! Il ne se doutera jamais que j’utiliserai un sortilège pour les créer ! Bon, au travail.

Blikkard arracha trois de ses cheveux noirs et les plaça dans une assiette de pierre. Il cracha dessus les cheveux et récita une formule. Les cheveux commencèrent à ce tortiller. La salive s’évapora en une fumée épaisse. La fumée violette remplit la caverne. Le démon ne broncha pas. Lorqu’elle se dissipa, trois aigles, blancs comme la neige, se tenaient là où les cheveux étaient. Blikkard déclara :

  - Je vous ai crées. Vous êtes à moi. Vous obéirez mes commandes. Vrai ?

Les aigles hochèrent la tête.

  - Bien. Maintenant, vous allez aller au Précipice de glace. Ne laissez personne passer.

Blikkard leur indiqua un trou dans le plafond de la grotte. Le trou était à l’écart, pour ne pas déranger le démon.

Les aigles s’envolèrent. Blikkard ricana de satisfaction.

Chapitre 16

La Vallée de glace

Sovel’ha se réveilla. Il faisait froid. Serré entre les couvertes, il essaya en vain de s’endormir. Il entendit quelqu’un bailler et murmurer :

  - Bon, les ronflements de Wargat m’ont encore réveillé. Grrr.

C’était Gottur. Sovel’ha se leva aussi. Le guerrier l’aperçut et dit :

  - Ah, tu es réveillé, toi aussi ! Va donc me chercher du bois pour le feu.

Sovel’ha ne répondit pas et partit, hache en main. Il trouva un arbre long et droit.

  - Ce sera parfait, murmura-il.

Quelques minutes après, Gottur avait commencé un feu.

  - Tu as fait du bon travail. Voici pour toi, dit-il en lui lançant un morceau de viande, Ce sera notre secret. Cuis-le et mange-le vite. Les autres ne doivent pas savoir.

Le jeune éleveur plaça la viande sur dans feu. Lorsqu’elle fut prête, il arracha un morceau et le mit dans sa poche. Puis, il dévora la viande.

  - Pour qui est le morceau que tu as mis dans ta poche ? demanda curieusement Gottur.

  - Chhh... Je veux en faire une surprise à Zéphir, répondit Sovel’ha.

Soudain, Zéphir sauta sur le dos de son éleveur.

< Quelqu’un parle de moi ? >

Sovel’ha grogna et lui donna le morceau de viande.

  - Depuis quand es-tu réveillée ?

< Depuis un moment. > répondit-elle en dévorant la viande.

  - On dirait que Sadahell se réveille, annonça Gottur.

En effet, Sadahell s’était levé et se rapprochait maintenant du feu pour se réchauffer.

  - Comment te sens-tu, Gottur ? Pas trop fatigué ? demanda le guerrier.

  - En fait, non, répondit le gros homme, Quand les autres seront prêts à partir, je serai prêt. Que dis-je ? Je suis toujours prêt !

Hardo se leva peu de temps après Sadahell. Puis, Plafud et Jarresse, Kouta et Baroqua et enfin Wargat et Lio. Pavori, Duraka et Kopar dormaient toujours.

  - Est-ce que tout le monde est prêt à partir ? demanda Sadahell.

Tous répondirent à l’affirmative.

  - Bon. Sovel’ha, va réveiller les autres. Nous partons pour le Précipice de glace dans une heure ou deux.

Quelques heures plus tard, la troupe avançait vers sa prochaine destination.

  - Les dragons sont lents. Trop lents, pensa Sovel’ha, J’ai hâte qu’on arrive.

  - Nous arrivons dans quelques minutes, déclara Sadahell comme s’il avait lu dans sa pensée, Sovel’ha, il va falloir voler par-dessus le précipice. Es-tu prêt à voler ?

Sovel’ha blêmit. Il balbutia :

  - V.. Voler ? Je croyais que nous faisions le tour !

  - Faire le tour du précipice serait une perte de temps, déclara Plafud.

< Ne t’inquiète pas, Sovel’ha. Je sais comment voler. >

  - Zéphir et Moi ferons le tour du précipice, d’accord ?

  - Pas question, petit, dit Kouta, De toute façon, nous sommes arrivés.

Devant eux, la zone glacée s’étalait. Au milieu, une crevasse bloquait le chemin.

  - Des aigles doivent avoir fait leurs nids sur les grandes montagnes, déclara Pavori, Regardez ! Ils s’approchent !

En effet, les aigles s’approchaient. La rage brillait dans leurs yeux. Ils tournaient maintenant autour des visiteurs. Le plus gros des trois aigles lança un cri aigu et piqua. Il commença à tirer les cheveux de Pavori, qui cria :

  - Aie ! Ouche ! À l’aide !

Une épée fendit l’air et s’abattit sur l’aigle. C’était Sadahell. Il hurla :

  - On nous attaque ! Décolle, dragons ! Ce sont probablement les envoyés des Drak’hels !

dimanche 28 mars 2010

Chapitre 17

La bataille de l’air

Tous les dragons décolèrent, incluant Zéphir. Sovel’ha, qui avait peur des hauteurs, ferma les yeux.

< Sovel’ha ! Ouvre les yeux ! Regarde pour les aigles ! Protège ton dragon ! > hurla Lio.

Le jeune éleveur ouvrit les yeux et vit l’aigle blessé qui fonçait d’un côté. Avant qu’il puisse tirer son épée, l’aigle fit, avec ses griffes, une entaille dans la jambe de Sovel’ha.

  - ARRRGGGHHH ! hurla-t-il.

< Attention ! L’aigle charge encore ! > cria Hardo, qui s’occupait d’un autre aigle.

Il regarda autour et vit que l’aigle avait disparu. Jarresse se léchait les babines en disant :

< Un bon goûter ! >

Avec la perte de leur compagnon, les deux autres aigles devinrent enragés et attaquèrent tous les deux Jarresse.

  - Aller soigner Sovel’ha ! Il est blessé ! cria Plafud, Je vais les occuper... Et les tuer.

  - Jamais ! Nous avons perdu Ragon, nous ne te perdrons pas ! Fuis ! hurla Sadahell.

  - Ils vont nous rattraper aisément, Sadahell ! Si je meurs, je les emporte avec moi ! Je le promets ! répondit-il en tranchant la patte d’un des aigles.

Face à sa ténacité, Sadahell ordonna à la troupe de se rendre à l’autre coté du précipice.

< J’ai les ailes percées ! > gémit Jarresse. < Je ne vais pas tenir pour longtemps ! >

  - Va vers le précipice !

< T’es fou ! Nous allons tomber dedans ! >

  - J’ai fait une promesse ! Nous sommes trop hauts pour atterrir maintenant que tu as les ailes percées ! Tu sais que nous allons mourir. Amenons-les avec nous !

< Nous sommes au-dessus du précipice ! Qu’est-ce que je fais maintenant ? Je vais tomber bientôt ! >

  - Bientôt ? Vite, attrape un aigle dans ta gueule et un dans tes serres !

Elle fit ce que Plafud lui avait demandé. Les aigles n’eurent pas le temps de lâcher un cri qu’ils se retrouvèrent prisonniers. Plus capable de retenir son poids, Jarresse perdit peu à peu de l’altitude.

< Je ne suis plus capable. Adieu et merci pour tout... >

  - Adieu, belle Jarresse, murmura son éleveur.

La dragonne tomba comme une pierre, le guerrier sur son dos.

Sovel’ha avait tout observé. Il pleurait. Maintenant, deux guerriers étaient morts. Allait-il mourir ?

  - Ou est-ce mon meilleur ami le prochain ? pensa-t-il les yeux pleins de larmes en regardant Pavori.

Chapitre 18

La colère de Vika

Blikkard hurlait de rage. Ses aigles avaient tué un guerrier. Le démon était néanmoins content qu’ils aient blessé Sovel’ha. Mais, comment allait-il annoncer son échec au maître ? Le roi des Drak’hels savait que les créatures des enfers étaient beaucoup plus fortes que les humains. Si Blikkard lui avouait qu’il avait menti, sa punition serait grande. Cependant, Vika ne pourrait pas se débarrasser de lui car il avait encore besoin du démon. C’était donc avec la confiance que le démon se dirigea vers la salle du trône.

Lorsqu’il arriva, le roi parlait avec Matern. Il leva les yeux et vit le démon. Vika sourit et dit :

  - Alors ?

  - Je... Ils ont tué un guerrier, maître.

Le roi se raidit et dit :

  - Tu vas tout m’expliquer. Tes aigles venus des enfers auraient dû être capables de tuer plus qu’un guerrier.

  - Euh.. Bien, les aigles... ne venaient pas des enfers. Je les ai créés, mais ils ne venaient pas des enfers.

  - ALORS TU M’AS MENTI, INSECTE ! QU’EST-CE QUI T’AS POUSSÉ À MENTIR À TON MAITRE ? hurla Vika.

 Je voulais vous rassurer... Qu’au moins Sadahell allait mourir. De toute façon, nous allons avoir sa tête tôt ou tard et je.

  - TAIS-TOI ! TU EN AS ASSEZ DIT ! JE VAIS TE PUNIR POUR CELA !

Le démon éclata de rire avant de répliquer :

  - Que vas-tu faire avec moi ? Me faire bouillir dans de l’huile ? Je te rappelle que tu as encore besoin de moi pour détruire les Vurmankas.

  - Il a raison, maître, balbutia Matern, Je déteste l’avouer à Votre Excellence, mais il a raison.

  - Tais-toi Matern. Je sais ce dont j’ai besoin ou non. Je sais donc que je n’ai pas besoin de Blikkard en ce moment. Tu vas te rendre à Cellinia m’attendre, dit-il en se retournant vers le démon, Et tu resteras là jusqu’a nouvel ordre. Va, et si je revois ta sale tête ici, tu seras torturé.

  - Bien, maître.

  - Ah, oui. Apporte des vivres. Des vivres pour les humains. Je sais que tu ne manges que des rats et des insectes, mais les guetteurs commencent à manquer de nourriture. Je savais que j’aurais dû envoyer des hommes moins gourmands, déclara le roi.

Le démon partit, le sourire aux lèvres. Dans le repère, tous les Drak’hels qu’il croisait le remerciaient d’avoir sauvé Vika. Cela le tannait. S’il n’avait pas été obligé de le sauver, il l’aurait laissé moisir, le roi.

  - Prendre de l’air va me faire du bien, pensa-t-il.

Il appela son serviteur et partit pour Cellinia. Pendant ce temps, le roi parlait avec Matern.

  - J’ai la sale impression qu’il se moque de moi, ce démon, tonna Vika, sarcastique.

  - Tout à l’heure, j’ai essayé de sonder son esprit. Ses barrières spirituelles sont impressionnantes !

  - Tu es fou, Matern ! Tu te rends compte que s’il n’était pas sous mon commandement, il t’aurait détruit d’un clignement d’œil ! Essayer de fouiller l’esprit d’une créature des enfers est perde la raison ! Mais... Cela démontre que tu es un adepte de fer. Tu seras récompensé pour ton action.

Chapitre 19

La Mer de sang

La troupe volait depuis des heures. Sovel’ha était cependant bien réveillé.

  - Nous arriverons à la Mer de sang dans quelques heures, annonça Sadahell.

Sovel’ha blêmit. Ses amis de son ancien dortoir aimaient raconter des histoires sur cette mer.

  - Ce n’est pas juste une mer de sang, cria Pavori, Il y a des Krakens la dedans ! Sadahell, tu es fou ! Tous ceux qui ont essayé de la traverser ne sont jamais revenus. Nous allons mourir !

  - Non, je ne suis pas fou, Pavori. J’ai entendu dire qu’il n’en restait qu’un.

  - J’ai entendu dire qu’il était énorme ! Plus gros que trois éléphants ! Et la seule façon de le tuer est de lui percer l’œil. Nous ne pourrons pas plonger dans le sang puisqu’il est toxique. Nous sommes tous foutus, hurla Sovel’ha.

  - Il faut garder espoir. J’ai un plan, dit Kouta, Deux de nous distraient le Kraken. Pendant ce temps, les autres traversent et nous allons les rejoindre après !

  - Kouta m’en a parlé. Nous deux vous distrairons le monstre, finit Gottur.

< Jamais ! C’est comme ça que nous avons perdu Plafud et Jarresse ! Nous n’allons pas vous perdre aussi ! >

C’était Zéphir. Toutes les têtes se tournèrent vers elle. Sadahell dit :

  - C’est la seule façon de passer le Kraken, dragonne. Kouta m’en a aussi parlé. Je déteste prendre des risques, mais cette fois, nous n’avons pas le choix.

< Nous pouvons la contourner, cette mer ! >

  - Non, nous ne pouvons pas. Ce serait une grande perte de temps. Fin de la discussion, répliqua le chef de la troupe.

Une heure passa. Sovel’ha voyait maintenant une étendue rouge. Un faucon volait au-dessus. Sovel’ha tourna la tête pour le montrer à Pavori, mais quand il se retourna pour l’observer, le faucon avait disparu.

  - Étrange, pensa le jeune homme.

Mais il ne s’en préoccupa pas. Il s’inquiétait plus au sujet du Kraken. Il était convaincu que quelqu’un allait mourir.

  - Deux étapes sont passées, et deux guerriers sont morts, pensa-t-il.

Gottur jeta un œil sur Sovel’ha. Il dit :

  - Ne t’inquiète pas, Sovel’ha. Il va être tellement confus, ce Kraken ! Il ne pourra jamais nous attraper.

  - J’en suis convaincu, répondit le jeune éleveur.

Mais il ne l’était pas totalement.

  - Arrêtez ! dit Sadahell, C’est ici que nous nous séparons.

Baroqua et Hardo s’éloignèrent du groupe. Ils s’aventurèrent au-dessus de la mer.

  - Vite, allez-y ! hurla Kouta.

  - Mais il n’y a pas de Kraken ! s’exclama Sovel’ha.

  - Nous ne prenons pas de risques, Sovel’ha, dit Sadahell.

La troupe avançait vite. Mais, rendu au milieu de la mer, une tentacule géante sortit du sang. Elle attrapa presque Gottur et son dragon.

  - VITE ! TRAVERSEZ ! TRAVERSEZ ! hurla Kouta qui évita de justesse une deuxième tentacule.

Il y avait maintenant huit tentacules qui fendaient les airs. Tous rejoignaient une drôle d’île.

  - Ce n’est pas une île ! réalisa soudainement Sovel’ha, C’est... La tête du Kraken !

Kouta trancha le bout d’une des tentacules. Le Kraken émit une plainte caverneuse. Il laissa tomber sa tentacule blessée mais fouetta l’air frénétiquement avec ses sept autres à la recherche d’une proie. Hardo piqua vers la tête du Kraken.

  - On est presque arrivé, pensa Sovel’ha.

Un hurlement survient alors. Le Kraken avait attrapé Gottur ! Hardo était cependant libre. Il grogna et chargea. Mais une autre tentacule l’attrapa avant qu’il puisse aider le guerrier. Les deux tentacules les entrainèrent dans la mer. Kouta, fou de rage à la perte du guerrier, fonça. Il trancha trois autres tentacules mais une autre le déséquilibra et il tomba dans la mer.

  - Baroqua ! Nous sommes arrivés à la rive ! Viens, vite ! hurla Sadahell.

< Je ne peux pas vivre sans mon éleveur. Le moins que je puisse faire c’est le venger. > répondit le dragon avec une rage sourde.

Baroqua plongea dans la mer. Les tentacules restantes le suivirent, mais s’arrêtèrent d’un coup. Le Kraken sortit sa tête de l’eau. Le dragon pendait à son œil. Le monstre émit une longue plainte aiguë, puis tomba à la renverse. Il était mort.

Chapitre 20

Messages secrets

Baroqua sortit la tête du sang. Il déclara faiblement :

< J’ai.. Réussi... Kouta est vengé... Adieu... >

Puis, il coula à pic. Les dragons atterrirent sur le rivage et s’éloignèrent un peu de la mer.

  - Il faut envoyer une lettre au roi, déclara Sadahell, Il doit être au courant de ces pertes.

Il sortit un parchemin, une plume et un encrier des sacs de bagage accrochés sur son dragon. Le guerrier siffla. Un pigeon vint se percher sur son épaule. Sadahell écrit :

Mon roi,

Nous avons passé la Mer de sang. La

prochaine étape est, comme vous le savez,

le Gouffre des Anciens.

Huit de nos amis sont morts : Ragon, Mura,

Plafud, Jarresse, Gottur, Hardo, Kouta et Baroqua.

Sadahell

  - Voilà, dit le guerrier.

Il attacha la lettre à la patte du pigeon en murmurant :

  - Apporte cette lettre au roi, c’est urgent. Alors, ne flâne pas en route !

Le pigeon hocha la tête et s’envola.

  - Espérons que le message se rendra dans les mains des Grands Chefs !

Le pigeon vola pendant des jours et des nuits. Quant il atteignit finalement Gora, il entra dans la salle du trône par une fenêtre et atterrit devant Jesta. Le roi se leva et ramassa le pigeon. Il détacha le message de sa patte et appela le majordome.

  - Soigne ce pigeon. À le voir, il n’a pas dû arrêtée pour manger ou se reposer.

  - Vous avez probablement raison, mon roi, dit le majordome en prenant le pigeon, Regardez, il dort.

Le majordome quitta la pièce. Jesta déroula le parchemin.

  - Hmmm... C’est bien triste, mais j’ai d’autres chats à fouetter en ce moment. Il faut démasquer le traître.

En effet, hier, les survivants avaient été assassinés. Ils avaient été trouvés dans leur appartement, un couteau dans le dos.

  - Ils ont été pris par surprise, pensa le roi, Ils n’ont pas pus appeler à l’aide. Le meurtrier les a probablement tués en même temps. La situation est très grave.

Miko entra dans la salle en souriant.

  - Ah, Miko, j’ai justement besoin de tes conseils. Regarde cette lettre, dit le roi en lui tendant le parchemin, Devrai-je envoyer un message de réponse ? Sinon, Sadahell va s’inquiéter. Il pensera que le pigeon est mort en chemin.

  - Inutile, Jesta. La troupe est probablement en train de s’installer pour la nuit. Personne ne verra le pigeon. Le matin, ils partent peut-être très vite. Un pigeon ne les rattraperait jamais,     répondit Miko en lisant la lettre.

  - Tu as raison, mon ami... Je vais me coucher. Bonne nuit.

  - Bonne nuit, Jesta.

Pendant la nuit, l’espion écrivit à son maître :

Vénéré maître,

Je sais que tu as un démon qui t’informe

de la progression de l’ennemi. J’ai reçu ta lettre disant

que tu l’as banni. Alors, je reprends le travail.

Voici ce que je sais :

La troupe ennemie a passé la Mer de sang,

quatre guerriers sont morts,

quatre dragons sont morts

et

La troupe ennemie s’est arrêtée pour la nuit.

L’espion

Chapitre 21

Le Gouffre Des Anciens

Sadahell était rongé par l’angoisse. Le pigeon était parti depuis cinq jours. Le guerrier n’avait pas encore reçu de lettre disant que le roi avait reçu le message.

  - Nous arrivons bientôt au Gouffre des Anciens, annonça-t-il.

< Qu’est-ce que le Gouffre des Anciens ? > demanda Zéphir à Sovel’ha.

  - Je ne sais pas, ma belle. J’ai entendu des rumeurs sur le sujet, mais je n’y ai pas porté vraiment attention.

  - Le Gouffre des Anciens est un précipice habité par des nains, expliqua Wargat.   

  - Mais pourquoi les appelons-nous les Anciens ?

  - Nous les appelons des Anciens car les nains ne sont plus vraiment des nains. Ils ont découvert dans le gouffre une mine d’or, une mine de diamants et une mine de cuivre. Guidés par leur avarice, ils protégèrent les mines jour et nuit. Un jour, un sorcier puissant tenta de traverser le gouffre. Bien entendu, les nains l’attaquèrent. Ils tuèrent le sorcier, qui, avant de mourir, les ensorcela. Ils restèrent en état de décomposition tant qu’ils ne laissent personne passer de bonne volonté... Cela fit le bonheur des nains. Libre de toujours rester et garder les mines, ils continuèrent à tuer qui s’avance sur leur chantier.

  - Mais nous pouvons survoler le gouffre. Ils n’ont pas de bons archers, hein ?

  - Non, je ne crois pas. Du moins, nous allons le découvrir dans quelques instants.

  - Sommes-nous capables de les tuer ?

  - Non, Sovel’ha. Ils vont souffrir de nos épées, mais ils ne vont pas mourir.

  - Observez le Gouffre des Anciens, dit Sadahell, Magnifique, n’est-ce pas ?

Sovel’ha avait le souffle court. Le gouffre était là, en toute sa splendeur. Il avait été décoré d’or, de diamant et d’un tout petit peu de cuivre. Une pancarte ornait le bord du gouffre :

Ici, c’est le Gouffre des Anciens.

Qui tentera de nous voler les mines sera tué,

Car l’or, le diamant et le cuivre nous appartiennent.

Arrêtez-vous, voyageurs imprudents,

Sinon, les flèches de nos esclaves souilleront votre corps.

Garmat

Les dragons atterrirent devant la pancarte.

  - Qui est Garmat ? demanda Sovel’ha.

< Le chef des Anciens > répondit Kopar en avança.

  - Arrêtez-vous ! Vous ne savez pas lire ? s’exclama une voie claire.   

Chapitre 22

La libération des esclaves

Sovel’ha dévisagea l’homme qui avait parlé. L’arc sur l’épaule, sa face était barbouillée de terre et de poussière.

  - C’est un elfe ! s’exclama Wargat.

  - Je m’appelle Rika. Je suis un des nombreux esclaves des Anciens.

  - Esclaves ? répeta Sovel’ha.

  - Nig ! V’la très longtemps, une troupe d’Anciens ont attaqué la forêt. Certains d’entre nous ont pu s’échapper, mais au moins une vingtaine d’elfes se sont fait attraper.

  - Et tu es un esclave guerrier, dit Sadahell.

  - Ra tu pouzda harf ! Je le suis, en effet.

  - Tu ne vas pas nous attaquer ? Alerter les Anciens de notre présence ? demanda Pavori.

  - Nag ! Je les déteste. Mais si un Ancien me commande de vous tuer, je devrai le faire. À moins que.

Soudain, un Ancien sortit du gouffre. En apercevant les visiteurs, il lâcha un long cri rauque. Il sortit sa hache et se rua vers Rika pour le tuer. Mais il n’atteignit pas la fin de sa course. Wargat lui avait tranché la tête. Des Anciens qui avaient entendu l’appel sortirent du gouffre. L’un d’eux pointa du doigt l’Ancien décapité. Deux autres Anciens le ramassèrent et le lancèrent dans le gouffre.

  - Sans leurs têtes, ils sont impuissants ! J’ai trouvé la façon de les tuer ! Attaquons ! hurla Wargat en forçant Lio à avancer vers les Anciens.

  - Non ! Tu vois l’Ancien que tu as décapité ? Ils l’ont jeté dans le gouffre. Des esclaves le mettront dans une source volcanique et il va ressusciter ! Il n’y a pas de moyen de battre les Anciens ! cria Rika.

  - Combien y a-t-il de source volcanique ? demanda Sadahell sur le même ton.

  - Une seulement ! Pourquoi ?

< Car si nous tuons plus qu’ils ne ressuscitent, ils vont devoir se soumettre ! > dit Zéphir qui avait tout compris.

Garmat, qui était le plus gros des Anciens, dit d’une voie caverneuse :

  - Esclaves tuez intrus.

Une dizaine d’elfes sortirent du gouffre et armèrent leurs arcs. Rika fit de même, mais il hurla :

  - Mes frères ! La liberté est proche ! Aidons ces inconnus, vainquons les Anciens et retournons chez nous !

Les autres elfes lancèrent des cris affirmatifs. Les flèches atteignirent plus qu’une trentaine d’Anciens. Partout, les nains tombaient dans la poussière pour être aussitôt lancés dans le gouffre. Chaque minute, un Ancien ressuscité sortait de celui-ci.

Soudain, un hurlement, qui n’était ni elfe, ni nain, fusa. Wargat s’écroula, une hache dans le dos, sous les cris de victoire des Anciens. Quelques minutes plus tard, Lio tomba à son tour. Les trois guerriers restants et les elfes redoublèrent d’ardeur.

  - Tout le monde arrêtez combat ! Tout le monde arrêtez combat ! hurla Garmat.

Elfes, humains, dragons et Anciens arrêtèrent et dévisagèrent Garmat. Celui-ci dit :

  - Force égale. Doit trouver solution.

  - Tu as raison, Garmat. Laissez-nous passer et nous vous laisserons en paix, vous et vos mines, répliqua Sadahell.

Sovel’ha pigea. Vu qu’ils gardaient les mines depuis deux cents ans, ils avaient bien oublié le sortilège qui les afflige.

  - Hmmm... D’accord. Vous passez, répondit Garmat, Mais nous plus jamais revoir vous.

Après que ces mots furent prononcés, tous les Anciens se transformèrent en poussière. Les elfes qui étaient dans le gouffre montèrent et hurlèrent de joie. Sadahell dit :

  - Non. Plus jamais nous vous reverrons. Jamais.

Chapitre 23

Les licornes

  - Nous sommes libres ! Grâce à vous, étrangers ! criait Rika, Libres ! LIBRES !

Sovel’ha était assis près du corps de Wargat. Il pleurait. Rika vint s’asseoir près de lui et lui dit :

  - Ne t’inquiète pas. Nous allons l’enterrer, lui et son dragon. Avec tout l’or et tous les diamants qu’il y a ici, nous pourrons leur faire une tombe digne d’un roi. Au fait, quel est ton nom ?

  - Sovel’ha. J’étais un garçon tout à fait ordinaire. À onze ans, on est venu me chercher pour rejoindre les Vurmankas. Zéphyr a éclos, puis je me suis embarqué dans cette aventure avec Favori, Sadahell, cinq autres guerriers et huit dragons, incluant Zéphir. Quatre guerriers et leurs dragons sont morts. Aujourd’hui, tous les guerriers sont morts. Wargat était le dernier. Qu’ai-je fait pour que, moi, un garçon de douze ans, aie dans cette aventure dangereuse ?

  - Je ne le sais pas, Sovel’ha. Peut-être que tu pourrais demander au plus grand guerrier... Quel est son nom ?

  - Sadahell.

  - Alors, va lui demander.

  - Je lui ai déjà demandé avant notre départ. Il refuse de me répondre.

  - Bon. Sovel’ha, Pavori, Duraka et Zéphir, c’est le temps de partir, cria Sadahell par-dessus les cris des elfes réjouis.

  - Non ! Nous devons creuser une tombe pour Wargat et Lio. Nous devons le faire, répondit Sovel’ha

  - Oui ! Les elfes pourront creuser en vitesse une cavité dans le gouffre. Sovel’ha pourra la décorer et inscrire un message, s’il le désire, dit Rika en hochant la tête.

Une heure plus tard, les elfes refermaient la tombe avec une grosse roche. Sovel’ha et Zéphir l’avait décorée de métaux précieux. Rika avait même laissé son amulette de saphir dans la tombe !

  - Vu que la chance est déjà venue, je n’en ai plus besoin. Je suis libre grâce à vous. Wargat mérite cette amulette, expliqua-t-il.

  - Bon. C’est le temps de partir. Elfes, vous guiderez-vous vers votre forêt ? demanda Sadahell.

  - Nig ! Nous n’allons pas rester ici ! En route !

Les dragons s’envolèrent et les elfes se mirent à grimper la paroi du gouffre. Rendue en dehors du gouffre, la troupe se mit en route vers la forêt.

  - Combien de temps avant que nous arrivions à la forêt ? demanda Sovel’ha à un elfe.

  - À notre train, nous allons arriver avant la nuit. Ah, revoir les arbres verts, les licornes.

  - Licornes ?

  - Oui ! Ce sont des chevaux blancs avec une corne magique dans le front ! Si tu en as une, tu ne peux plus tomber malade. Mais une corne volée ne vaut rien.

  - Ce qui veut dire que ?

  - Ce qui veut dire qu’il faut que la licorne te donne la corne par amitié sinon la corne ne sert à rien ! Simple, non ?

  - Oui ! Maintenant, je comprends ! Merci !

  - Oh ! Regarde, là-bas !

  - L’orée de la Forêt des elfes ?

  - Nig ! Mais regarde !

Une vingtaine de licornes galopaient vers la troupe. Les chevaux s’arrêtèrent devant eux. La plus grande licorne jeta un coup d’œil aux étrangers. Les elfes grimpèrent sur le dos des licornes. Une voie résonna dans les têtes des éleveurs et leurs dragons :

< Qui êtes vous, étrangers ? >

  - Hum, nous sommes des amis, répondit Sadahell

  - Nig ! Relaxe, wurtane. Ils nous ont libérés des Anciens. En route pour la forêt ! dit Rika.

Les licornes trottaient à coté des dragons. La voie résonna encore :

< Dragons, envolez-vous vers la forêt. Nous, les licornes, allons galoper. Nous serons arrivés dans quelques minutes si vous faites ce qui est demandé. >

< Bien. > répondit Duraka en s’envolant.

Quelques minutes plus tard, la troupe se tenait devant la Forêt des elfes.

Chapitre 24

La Forêt des elfes

Les elfes descendirent de leurs montures et pénétrèrent avec précaution dans la forêt. Les licornes partirent en galopant. Les dragons suivirent les elfes avec attention. Mais les elfes allaient tellement vite, que les éleveurs les perdirent de vue. Une voie autoritaire résonna :

  - Arrêtez vous ! Vous avez franchi l’orée de notre territoire ! Les flèches de mes archers pointent sur vos gorges ! Un seul mouvement, et ils décrocheront leurs flèches !

Les dragons s’immobilisèrent. Un elfe aux cheveux blonds sauta d’un arbre. À voir son regard, c’était lui qui avait parlé. Il regarda les étrangers avec attention avant de déclarer ;

  - Qu’est ce qui vous amènent dans notre forêt, humains ?

Avant que la troupe puisse répondre, une voie familière résonna :

  - Alors, vous venez ?

C’était Rika. Il était revenu sur ses pas. En apercevant l’autre elfe, il eut un hoquet de surprise.

  - Ce sont mes prisonniers. Ils ne vont nulle part sans ma permission, dit l’elfe au cheveux blonds.

  - Je... Je reconnais cette voie ! Mais... Vaguement... Comme un souvenir lointain... Un souvenir de mon enfance..

  - Mais... Tu.. Tu es Rika ? Fils de Paruro ?

  - Oui ! Et tu es bien Kala, fils de Faroum ?

  - Nig ! Mon vieil ami !

Les deux elfes s’enlacèrent en riant. Kala demanda :

  - Je te croyais mort... Emporté par les Anciens... J’avais abandonné tout espoir de te revoir... comment as-tu échappé aux Anciens ? Où sont les autres ?

  - Les autres sont allés rejoindre leurs gopus. Et les Anciens n’excitent plus, grâce à ces guerriers.

Kala se retourna pour contempler les guerriers et les dragons, qui étaient encore immobiles.

  - Es-ce vrai, Rika ?

  - Nig ! Fakara- mi ! Sans ces étrangers, nous serons encore en train de miner de l’or. Libère-les et laisse leur le passage à travers la forêt.

  - D’accord... Mais si je les laisse, c’est seulement parce qu’ils vous ont libérés. Garmouka fur hark !

Une dizaine d’elfes sautèrent par terre tout près de Kala, qui déclara :

  - Bon... Venez-vous restaurer ! En route pour le village !

En marchant, Rika et Kala parlaient de ce qui se passait dans la forêt depuis quelques années.

  - Ainsi, tu maintenant roi ?

  - Nig.. Tu ne peux imaginer comment cela implique beaucoup de responsabilités. J’ai du mal à me libérer pour la chasse. C’est comme ça que j’ai trouvé tes amis humains. Sans parler que nous avons des problèmes avec les gnomes.

  - Les gnomes ?

  - Oui, oui... Les petites créatures ravagent nos récoltes de fruits et de blé. Ils ont même attaqué un arbre ! Le vieil arbre a été abattu... Nous sommes donc en guerre contre les petites pestes.

  - Je les ai toujours connus comme des êtres pacifiques.

  - Oui... Mais il y a des rumeurs qu’ils sont contrôlés par un démon..

  - Ah.

Soudain, un des archers s’arma de son arc et décocha une flèche dans les buissons. Un grognement rauque fusa, puis rien. Tout le monde était figé. L’archer alla ramasser un petit corps inerte.

  - Un gnome, dit-il simplement, Je doute qu’il y en ait plus dans les alentours. Celui-ci nous a pris par surprise. Une chance que je l’ai vu, mon roi. Il vous visait avec son arbalète.

Il ramassa une des minuscules flèches du carquois du gnome et l’examina.

  - Elles sont empoisonnées, mon roi.

  - Bien fait, Wulo. Mais dépêchons-nous, car si d’autres gnomes nous ont vus, ils ne vont pas crier gare. Ils vont nous tuer.

La troupe entendit un sifflement. Wulo s’écroula, une petite flèche dans le cou. D’autres sifflements fusèrent et deux autres archers s’écroulèrent.

  - On nous attaque ! Courez ! cria Kala.

Chapitre 25

La caverne

Alors que la troupe commençait à se séparer, un filet de fer les cloua au sol.

  - Impossible de vous échapper, humains, dit un gnome en sautant d’un arbre.

  - Et nous ? demanda Rika.

  - Assommez les humains. Ils ne doivent pas savoir où nous allons, continua le gnome.

D’autres gnomes descendirent des arbres. Certains étaient armés d’arbalètes et d’autres, de gourdins. Ceux armés de gourdins s’avancèrent vers les prisonniers et assommèrent les humains et leurs dragons.

  - Et nous ? répéta Rika, terrifié.

  - Nous vous libérerons. Nous avons ce que nous voulons. Le maître sera satisfait. La guère est fini, Kala, répondit le gnome.

 Oh, et aussi, n’essayez pas de libérer vos amis et n’essayez pas de nous suivre. Si l’un de vous le fait, nous vous tuerons, dit un autre gnome.

Les gnomes levèrent le filet. Les elfes se mirent à courir dans tous les sens. Les petits êtres refermèrent le filet sur les prisonniers. Le gnome en chef siffla et un gros corbeau vint atterrir près de lui. Le gnome lui murmura quelques paroles et le corbeau ramassa le filet. Le corbeau s’envola et les gnomes se mirent en marche. Le filet était visiblement ensorcelé, car le corbeau parvint à le lever sans difficulté, malgré le poids des guerriers et de leurs dragons.

Tout près, un elfe sentinelle avait regardé toute la scène. Bien caché dans les arbres, il appela une colombe. L’oiseau vint se percher sur son doigt. L’elfe murmura :

  - Prête-moi tes yeux. Suis-les. Je vais voir le roi. S’il veut sauver les étrangers, il faut savoir où ils vont. Va !

La colombe s’envola et rattrapa la troupe de gnomes. Elle remarqua que le corbeau et les gnomes se dirigeaient vers une caverne située dans une colline d’une plaine. Elle vit aussi que des gnomes armés d’arbalètes faisaient le guet. La colombe en savait maintenant assez : elle se mit en route pour le village Elfiqua, capitale de la forêt.

Pendant ce temps, ni les gnomes ni le corbeau n’avaient remarqué qu’ils étaient suivis.

Quelques heures plus tard, Sovel’ha se réveilla. Sa tête lui faisait mal et il remarqua qu’il était enchaîné comme une bête contre la paroi d’une caverne. Il était incapable de se libérer le pied de cette chaîne. Sovel’ha tâta l’endroit où était son épée mais remarqua qu’on la lui avait enlevée. Renonçant à toute tentative de fuite, il regarda autour de lui. Il se leva, malgré la chaîne.

  - Zéphir ? Où es-tu ? J’ai besoin de ton aide !

Il remarqua un corridor menant dieu sait où. Il tenta d’y aller, mais sa chaîne ne lui permettait pas. Sovel’ha vit alors des ombres sur les murs du corridor. Quelqu’un venait !

  - Oui, maitre... Il a été maîtrisé. Jeu d’enfant, murmura une voix.

  - Hmmm... Bien joué. Il est tout à moi, dit une autre.

Sovel’ha sentit un frisson de peur. La première voix, il ne la reconnut pas tout de suite. Mais la deuxième, il la reconnut ! Le démon de son rêve !

Comme le pensait Sovel’ha, le démon entra, suivit d’un gnome. Blikkard laissa court à un rire maléfique.

  - Bonjour, Sovel’ha.

  - Qui es-tu ? Que veux-tu ?

  - Tu sais bien ce qui se passe.

  - Non ! Je ne te connais pas, ni la raison pour laquelle tu m’as amené ici. Je sais juste que tu es un démon... qui a hanté mes rêves.

Le démon plissa ses yeux en dessous de son bandeau noir. Sovel’ha put les voir vaguement.

  - Tu ne sais donc rien ? Sadahell ne t’a rien dit ?

  - Non.

  - Hmmmm... Eh bien, si tu es pour mourir, faudrait que tu saches pourquoi. Je vais tout t’expliquer. Mais je te préviens, quand j’aurai fini de parler, je vais te tuer.

  - Comme ça m’a pris du temps à convaincre Vika de tuer Sovel’ha, je ne raterai pas l’occasion, pensa aigrement Blikkard.

Le démon se retourna vers le gnome et lui adressa quelques paroles incompréhensibles. Le gnome partit tout de suite en courant.

  - Bien... Assis-toi.

Chapitre 26

La vérité

Sovel’ha fit ce qui lui était demandé. Il s’installa le plus confortablement possible.

  - À quoi bon discuter ? Je suis enchaîné comme une bête et ce Blikkard veut me tuer... Ce qu’il va probablement faire, pensa le jeune homme.

  - Sovel’ha, connais tu la prophétie ?

  - Hmmm... Oui, un peu. Mais j’ai quitté l’école avant de la mémoriser complètement.

  - Dits-moi dont tu te souviens à propos d’elle.

  - Elle parle d’un éleveur puissant qui viendra bouleverser les Vurmankas et les Drak’hels, les forçant à joindre leurs forces et... Euh.

  - Oui ! Eh bien... Tu es l’élu. L’élu de la prophétie.

Sovel’ha était bouche bée. Lui ? L’élu ?

  - Impossible ! Je ne suis pas puissant !

  - Hahaha ! Oh, tu es puissant. Tu ne le sais juste pas. Pourquoi penses-tu que les Grands Chefs de ta race d’éleveur t’accordent autant d’importance ? Pourquoi penses-tu que Vika, le roi des Drak’hels, veut ta mort ? Et le reste des Drak’hels ?

Sovel’ha ne savait pas quoi dire. Le démon le voyait bien.

  - Mais... Tout est fini. Les Drak’hels ont gagné grâce à moi. Les Vurmankas ont perdu la partie.

  - Non. La partie n’est pas finie. Tu ne vas pas le tuer, foi de Rika !

Le démon se retourna pour découvrir Rika. L’elfe tenait un gnome, le même gnome qui était avec Blikkard quelques moments plus tôt.

  - Maître ! Ils ont découvert notre base ! Cet elfe m’a suivi jusqu’ici ! glapit le gnome.

Rika lança le gnome sur une paroi de la chambre. Vu que le gnome était allongé, Blikkard en profita pour lui donner un bon coup de pied.

  - Imbécile ! Je t’ai dit de ne laisser personne te suivre ! Comment ont-ils pu vaincre la tribu ?

  - Je... Ils ne sont pas seuls ! Certains sont sur des licornes et d’autres, sur des griffons ! Nous ne pouvons retenir une si puissante attaque !

  - Arrghhh ! À cause de vous, le plan tombe à l’eau ! Que va dire Vika ?

Rika avait profité de la dispute pour libérer Sovel’ha à l’aide de son épée. Le vurmanka lui chuchota :

  - Il faut le tuer. Sinon, il pourra nous causer encore bien des problèmes.

  - Je m’en occupe, répondit l’elfe sur le même ton.

Rika s’approcha silencieusement du démon qui donnait d’autres coups de pied au gnome. Il scandait des insultes à tue-tête. Alors que Rika allait abattre son épée sur Blikkard, le gnome cria :

  - Attention ! Maître !

Blikkard se retourna à la vitesse d’un éclair, prit l’épée par la lame comme si elle n’était qu’un bout de bois, et lança l’épée à l’autre bout de la chambre. Il hurla :

  - STUPIDES MORTELS ! NE SAVEZ-VOUS PAS QU’IL FAUT PLUS QUE ÇA POUR SE DÉBARRASSER D’UN DÉMON ?

Il se tourna vers Sovel’ha et lui cria :

  - NOUS NOUS REVERRONS, SOVEL’HA ! YUD REPARU TARKAMA RIRO SETH L’OFFLIGA !

Il lança un dernier regard furieux vers le gnome et il murmura :

  - Yud’a patromik rorora ! Yud’o wi pora ko Cellinia !

Un portail apparu. Blikkard disparut dedans. Le gnome essaya de sauter dedans comme l’avait fait le démon, mais le portail avait déjà disparu et le gnome se fracassa encore une fois contre la paroi de la caverne.

En dehors de la salle, des cris de gloire fusèrent. Zéphir apparut à l’embouchure de la salle.

< Sovel’ha ! > dit-elle en entrant.

  - Zéphir !

Le jeune éleveur courut vers sa dragonne. Il commença à la caresser et lui dit :

  - J’ai eu peur de ne jamais te revoir ! Le démon de mon rêve... Il était là. Il voulait me tuer. Il aurait pu me tuer, mais il est parti sans me faire de mal, grâce à Rika.

Chapitre 27

La dispute

  - Quand j’ai suivi le gnome, je l’ai attrapé juste avant qu’il ne pénètre dans la chambre où tu étais retenu. Lorsque j’ai entendu le démon dire que tu allais mourir, je me suis dit qu’il fallait agir... Et vite ! J’ai pensé à mettre une barrière protectrice sur toi, mais cela m’aurait vidé de mon énergie. J’ai ensuite eu l’idée de faire diversion en lançant le gnome à l’autre bout de la salle. Sachant que ce démon ne pourrait résister à lui donner quelques coups de pied, j’ai mis mon plan improvisé à l’action. Malheureusement, comme tu le sais, Sovel’ha, je n’ai pas été capable de le tuer, raconta Rika.

Kala entra suivi de Sadahell, Pavori et d’une créature bien étrange. Sovel’ha en déduis qu’il s’agissait d’un griffon. Il avait la tête, les ailes, les pattes de devant d’un aigle. Le corps et les pattes arrière appartenaient au lion. Une longue queue de serpent complétait son apparence. Kopar fut capable de rentrer sa tête dans la chambre.

  - Sovel’ha... Qu’a-t-il dit ? s’empressa de demander Sadahell.

Le jeune éleveur lança un regard froid vers le guerrier avant de répondre :

  - La vérité. Toute la vérité.

Sadahell baissa les yeux. Sovel’ha continua :

  - Oui. Je suis l’élu... Destiné à unir les deux races. Et vous m’avez privé de toute explication. Je suis presque mort. Si le démon ne m’avait rien dit, et si Rika n’était pas intervenu, je serais mort sans le savoir.

  - Je te comprends mais.

  - Tu ne connais pas la rage qui habite dans mon cœur. Oh, non, tu ne la connais pas.

  - Le roi m’a obligé à garder cela secret. Je trouvais cela... Mal. Mais il faut que j’obéisse à mon roi.

Sovel’ha se tourna vers Pavori.

  - Et toi, mon ami, le savais-tu ?

  - Non. J’ignorais tout cela autant que toi.

  - Que la rage habite ton cœur ou non, Sovel’ha, nous devons partir. Cellinia est à trois heures de marche d’ici, dit Sadahell.

  - Je n’y vais pas, répondit Sovel’ha.

  - Pardon ?

  - Je ne veux pas y aller. Tu es sourd ?

  - Tu y vas autant que j’y vais. Viens ! Maintenant !

  - Non. Je ne viendrai pas.

Sovel’ha s’assit, les bras croisés. Zéphir se coucha prêt de lui pour dire qu’elle était d’accord avec son maitre. Kala intervint :

  - Sovel’ha veut probablement se reposer après tout ce qui s’est passé. Restez donc à mon village pour quelques jours, à Elfiqua, la capitale de la forêt !

  - Nous acceptons avec joie, dit Sovel’ha en se levant.

  - Je n’ai rien dit, Sovel’ha, dit Sadahell. Je suis le chef ici.

  - Alors, fais ce que tu veux, chef, mais je vais à Elfiqua, répondit Sovel’ha en suivant Kala hors de la chambre.

Le guerrier comprit qu’il ne servait à rien de se disputer. Il jeta un coup d’œil à Pavori avec l’espoir qu’il allait faire comprendre à Sovel’ha que chaque minute comptait.

  - Eh ! Ne me regarde pas comme cela. Je suis bien d’accord avec deux ou trois jours de répit, dit-il en emboîtant le pas à Sovel’ha.

Zéphir grogna et sortit à son tour. Le guerrier leva la tête pour surprendre Kopar qui allait suivre Duraka.

  - Ou vas-tu ? demanda-t-il.

< Hum, avec tout mon respect, Sadahell, je n’ai rien contre l’idée de se reposer. >

Désespéré, Sadahell se retrouva seul avec Rika et le griffon. Rika grimpa sur la bête et dit :

  - Si tu ne peux pas les vaincre, joins les ! Viens, je n’aime pas cela ici. La caverne grouille de gnomes et c’est sombre et lugubre.

  - Grbbllmm.. Je viens, gromela Sadahell.

Chapitre 28

La chute

Sovel’ha se reposait maintenant dans la jolie hutte que Kala lui avait offerte. Il y avait, à côté de la hutte, un dortoir pour Zéphir.

  - Le dortoir était destiné aux griffons. Mais je suis sûr que tu en feras bon usage, lui avait dit le roi.

< Ça me plaît, ici. > avait-elle dit en entrant. < Et il y a une fenêtre qui donne une vue sur la chambre de Sovel’ha ! Je vais pouvoir lui parler facilement. >

Sovel’ha sortit de la hutte et vit Zéphir qui revenait de sa promenade. La dragonne se posa et se secoua. Des gouttes d’eau revolèrent tout partout, incluant sur Sovel’ha.

  - Mais... Tu es trempée ! Ou es-tu allée ?

< J’ai découvert une chute. Le petit étang est rempli de poissons. >

  - Peux-tu m’y conduire ? Me laver me ferait du bien.

< D’accord. Je goberais bien encore quelques poissons. >

  - Attends-moi ! Je dois laisser une note dans la hutte car si quelqu’un me cherche, ils doivent savoir ou je suis et quand on reviendra. Combien d’heures allons-nous passer là-bas ? Une pora-kou ? dit-il en se dirigeant vers la hutte.

Quelques minutes plus tard, Sovel’ha sortit de la hutte et monta Zéphir, qui s’envola dès que l’éleveur fut installé. Zéphir survola la forêt quelques minutes, puis atterri devant un étang. Une chute dégringolait des rochers et des saumons nageaient calmement dans l’étang.

  - C’est magnifique ! souffla Sovel’ha.

< Je sais ! Un parfait endroit pour relaxer. >

Sovel’ha plongea dans l’eau tout habillé. Zéphir le suivi aussitôt. Elle goba quelques poissons et alla s’amuser dans la chute.

Sovel’ha était au paradis. Personne pour lui dire quoi faire, pas de guerre, pas de démons. Il s’assit sur l’herbe pour se sécher au soleil. Mais après quelques minutes, un cri retentit :

  - Sovel’ha ! Zéphir ! Où êtes-vous ?

C’était la voix de Sadahell. Sovel’ha secoua sa tête comme pour chasser les cris qui continuèrent.

Soudain, une fille sortit des buissons. C’était une elfe. Elle semblait avoir le même âge que Sovel’ha. Elle sourit et dit :

  - Es-tu Sovel’ha ?

  - Oui... Pourquoi ?

  - On te cherche. Apparemment, tu dois te mettre en route pour Cellinia, dit-elle.

  - Ah oui ? J’ai pourtant mis une note dans ma hutte.

  - Ne me dis pas que tu n’entends pas les cris du guerrier... Je les entends très clairement !

Elle jeta un coup d’œil à Zéphir qui avait cessé de jouer dans la chute. La dragonne avait recommencé à pêcher.

  - Qui es-tu ? Je ne t’ai jamais vu dans le village auparavant, demanda Sovel’ha.

  - Je me nomme Lista... Tu ne m’as jamais vu au village car j’étais au palais, au Nord du village.

  - Tu es donc la fille de Kala ?

  - Nig ! répondit-elle.

À contrecœur, Sovel’ha se leva. Il appela Zéphir, qui mangea encore quelques poissons avant de venir. Le jeune guerrier monta la dragonne et invita Lista à faire de même.

  - Non merci... J’ai peur des hauteurs.

  - Allez ! Cela ne prendra qu’une minute ! Viens !

  - Bon, d’accord..

  - Elle approcha d’un pas hésitant et monta en arrière de Sovel’ha. Elle s’agrippa sur son armure et souffla :

  - Je... je suis.

Mais avant qu’elle puisse finir sa phrase, ils étaient déjà hauts dans les airs. Lista lâcha un cri de stupéfaction et s’agrippa encore plus fort à Sovel’ha.

Quelques minutes plus tard, ils atterrirent dans la place centrale du village.